Le vent soufflait ce jour-là, mais moins fort que d'habitude. Le désert avait l'air calme, du moins à l'entrée c'était l'impression qu'on pouvait avoir. Luna y était entrée sans aucune hésitation, espérant pouvoir profiter d'un moment de solitude sur les routes. Elle avait croisé bien trop de jeunes dresseurs surexcités, des débutants qui hurlaient au combat sans réfléchir une seule seconde à la gêne qu'ils pouvaient occasionner aux voyageurs. Voilà pourquoi elle s'était enfoncée tête baissée dans le décor ensablé du désert d'Hoenn. Au moins ces jeunes turbulents n'avaient pas de lunettes pour se protéger du sable. Elle non plus d'ailleurs, mais elle avait un atout: sa cape. La capuche rabattue sur sa tête cachait sa crinière rouge et protégeait son visage des quelques particules de sable qui virevoltaient autour d'elle. La jeune femme ne voyait pas grand chose ainsi, elle avait plusieurs angles morts, mais au moins elle pourrait avancer dans une quasi solitude.
Elle passait à côté de plusieurs montagnards et chercheurs qui profitaient de ce calme pour prendre leur déjeuner. Luna se souvint d'ailleurs qu'elle avait oublié de s'acheter un en-cas. Dans une ou deux heures elle aurait besoin de reprendre des forces. Tant pis, elle traverserait ce désert le plus rapidement possible pour rejoindre la ville la plus proche. Elle était venue à Hoenn dans un but précis, elle devait faire des réserves de matériel et de nourriture pour reprendre le ferry jusqu'à Kalos et y rester quelques mois. Le centre commercial de Nénucrique était le parfait endroit pour faire le plein. La dracologue aurait pu y aller à dos de Drattak, puisque celui-ci adorait voler et porter sa dresseuse sur de longues distances. Mais le chagrin lui donnait envie de marcher, marcher des jours et des jours sans parler à personne, arriver à destination par la seule force de ses jambes.
On ne voyait pas grand chose à l'horizon, le désert était relativement vaste, tout ce qu'on pouvait faire était marcher tout droit en espérant trouver une sortie. Il était possible de se repérer avec les rochers, ceux-ci indiquaient généralement une sortie proche ou des bases secrètes pour se reposer durant les fortes tempêtes de sable. Alors par moments, elle relevait légèrement sa capuche pour balayer l'horizon de son regard rougeoyant. Elle ne vit rien pour le moment, et continua de marcher. Par chance, elle ne croisa pas beaucoup de dresseurs, une bonne partie semblait éviter les combats car certains Pokémons supportaient assez mal de se déplacer sur le sable, soit à cause de la chaleur, soit à cause du fait que l'on pouvait s'y enfoncer selon le poids. Et cela arrangeait grandement le Maître. Non pas par inquiétude pour ses Pokémons, car certains pouvaient se déplacer en volant, mais pour éviter tout contact avec ces mioches et sortir de cet endroit au plus vite.
Alors qu'elle scrutait l'horizon pour la seconde fois, cette fois-ci elle remarqua quelque chose d'anormal, à peu près à dix mètres d'elle. Une haute silhouette se tenait debout et était humaine a priori. Elle aurait aimé la contourner, mais la règle d'or pour ne pas se perdre dans le désert était de marcher tout droit. De plus, son Pokématos n'avait pas du tout de réseau ici, donc impossible de consulter la carte. Il ne fallait pas prendre de risque. Au pire des cas elle monterait sur le dos d'un de ses dragons, mais elle n'aurait pas de satisfaction personnelle à utiliser la facilité.
Au fur et à mesure qu'elle approchait de la silhouette, elle serra la lanière de son sac avec sa main. Elle était entièrement cachée sous sa cape, mais un mauvais pressentiment l'envahit. Cet être n'avait pas l'air de se trouver ici pour combattre des dresseurs ou faire des recherches. Il laissait une drôle d'impression, de loin. Peut-être était-ce le fruit de son imagination. Le désert rendait toute chose mystérieuse. En tout cas elle prévoyait de simplement contourner cette personne sans lui adresser la parole. Pourquoi le ferait-elle, après tout? Dans dans le cas où il (ou elle) serait perdu, elle l'aiderait volontiers. Mais simplement causer pour le plaisir de causer, elle n'en était pas d'humeur.
Désormais elle se trouvait à moins de cinq mètres, elle accéléra le pas, un pas décidé, et elle le frôla.
Luna priait intérieurement pour ne pas qu'il l'interpelle. Mais les chances que cela arrive étaient assez grandes, on frôlait rarement les voyageurs dans le désert, celui-ci était assez spacieux pour que tout le monde s'évite.