Il était de retour. Un gigantesque retour en arrière sur sa vie. Il revoyait sa vie avec eux... S'il avait était là... Certes il n'aurait pas pu empêcher leur mort. Mais il aurait pu mourir avec eux sans porter leur deuil sur sa conscience. Sa vie passée se déroulait dans sa tête comme un film dont on aurait remonté la bande. Il voulait... Il voulait être avec eux... Il voulait tellement les revoir. Ses parents ceux qui l'avaient aimé plus que tout. Son unique soutient, c'était eux ! Il s'en voulait tellement... Et en même temps il était triste de ne plus pouvoir compter sur eux...

Pourquoi était-il de retour... C'est une question que tout le monde se poserait. Marth n'est pourtant pas du genre à vouloir revenir dans le temps et de pleurer pour ses erreurs passées. Mais ça, c'était différent. Ce souvenir était si frais dans sa tête, comme si il l'avait vécu hier. Il se souvient de tous les détails. Chacunes des flammes qui les ont consumées. Victime d'hypermnémie. Un don qui peut se révéler un fléau quand on a un passé comme celui-ci. Et il se battait moralement pour lutter contre ce souvenir qui refaisait sans cesse surface. Il n'y arrivait pas. Et cela le fatiguait moralement. Il en avait assez. Il ne pouvait pas tourner la page. Du moins sans avoir rendue une dernière visite à ses parents.

Car depuis sa fugue, il n'était jamais revenu. Il était parti en espérant un jour oublier cette histoire. Il a grandi en oubliant ses parents en ayant d'autres loisirs. Mais dès qu'il avait un moment de réflexion, il avait ce souvenir qui remontait. Il le chassait avec colère et regret. Il n'a même pas pris le temps de les enterrer leurs cendres dignement. D'ailleurs personne n'avait dû le faire à cette époque là. Il avait toujours pensé qu'après les avoir brûlés, on avait laissé leurs cendres s'éparpiller au vent. Mais pourtant... Aujourd'hui, leurs urnes contenant leurs restes étaient enterrées devant lui. Ou peut-être était-ce symbolique ? Peut-être n'y avait-il personne en dessous. Mais Marth n'avait pas le temps d'y penser, lui.

Seulement deux tombes étaient enfoncées. Elles portaient le nom et le prénom de chacun des deux membres. Mais il n'y avait rien d'autre. Pas de fleurs, pas de gravure dans la pierre disant à quel point ils pouvaient manquer à quelqu'un. Même le lierre ne voulait visiblement pas y pousser. Non, ces parents n'existaient que pour lui. ils vivaient dans son cœur et sa mémoire. Et quand tout cela sera éteint comme le sont ses parents, que deviendront-ils ? Rien ! Rien du tout. Et Marth rageait à cette idée. Si il mourrait, plus personne à par lui ne se soucierait d'eux ! Il devait vivre le plus longtemps possible pour eux ! Il devait le faire... Si ce n'est la seule chose qu'il puisse faire pour eux...

Ceci était vraiment paradoxal quand on y pense. Il voulait les oublier, mais en même temps il ne voulait pas qu'on les oublie. Il ne voulait pas avoir la lourde tâche de se souvenir de ce moment tragique. Il voulait juste se souvenir des moments heureux, sans avoir à penser à la fin. Mais toute histoire à une fin, permettant à une autre de prendre sa place. Peut-être qu'il devait ne plus y penser lui aussi. Simplement se dire qu'il avait eu des parents, comme la plupart des gens sur terre, puis qu'ils sont partis sans prévenir un beau jour ? Il devait se dire que ces parents ont existé sans pour autant s'y attarder plus dessus. C'était mieux comme cela. C'est ce qu'il allait faire. Maintenant qu'il était là, devant leurs tombes, et qu'il avait médité sur leur cas, son esprit était plus clair. Il savait quoi faire.

Devant leurs tombes vides et sans un mot d'adieu pour eux de la part des autres, il se baissa et posa une rose rouge. C'était modeste, mais c'était tout ce qu'il pouvait faire pour l'instant. Cette fleur fanera un jour, si personne ne s'en occupe. Elle fanera forcément car Marth ne reviendra plus jamais ici. Il ne voulait plus avoir à revoir ces images imprimées dans sa mémoire qui passaient devant lui en regardant les horizons de ce lieu de deuil.

Il se releva et partit la tête haute. Sans se retourner ni avoir dit un mot, il marcha en direction du pont, là ou se trouvait son bateau et l'équipage qui l'avait accompagné durant sa mission. Ils ne savaient pas où il était partit. Ils n'avaient pas à le savoir. La seule qui avait le droit d'être au courant était Mademoiselle Taylor. Et ils n'évoquaient ce sujet que rarement. D'ailleurs, en parlant d'elle... La chef des Aquas doit attendre depuis bien longtemps son retour pour que le jeune commandant lui fasse enfin son rapport...