Spoiler:

Je tremble. Est-ce que c’est de la peur qui se manifeste dans mon corps, de l’excitation ? Non, ce sont les deux. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation de stress intense mais c’est toujours la même chose, ce trac qui fait battre mon cœur tellement fort qu’il semble sur le point d’exploser.
Depuis la sortie de mon nouveau titre j’enchaine les concerts en extérieur et je n’ai plus beaucoup de temps pour moi. Mes concerts doivent être parfait et je n’ai droit qu’au strict minimum pour me reposer, les répétitions s’enchainent tellement rapidement que je n’ai pas le loisir de les compter. En aucun cas je ne dois décevoir mon public.

Ce vrombissement que j’entends de l’extérieur me terrifie alors que je longe les couloirs, j’ai enfilé ma tenue de scène, je suis maquillée et habillée de mon uniforme de superstar ! J’ai l’impression que les murs vibrent et d’être sur la piste d’atterrissage d’un aéroport au moment où l’avion vient se poser dessus. Dire que n’est là que mon public qui je fais languir volontairement, mon manager adopte cette stratégie avant le début du show.

C’est presque comme des mathématiques, je dois me faire désirer, c’est la raison pour laquelle j’entre sur scène quelques minutes après l’heure indiquée, mon manager m’assure que c’est un moyen de chauffer plus rapidement mon public. Moi je n’aime pas trop faire ça, car je suis déjà prête depuis longtemps et en avance, devant les escaliers qui mènent aux planches. De là, je peux entrevoir des mains qui s’élèvent et la lumière des projecteurs tandis que l’annonceur se dandine sur scène en profitant, pendant ce moment moi je stress toujours, et ça s’amplifie de plus en plus ! Même si je n’arrive pas à me retenir, je sais que tout se passera bien, les sourires de tout ce monde spécialement pour moi vont me faire tout oublier, l’oiseau de terreur qui niche dans mon corps s’envolera en même temps que les cris jouasses et les sauts furibonds de mes fans.

J’entrelace mes doigts, mes manches détachables tombent légèrement tandis que je porte mes deux mains sur mon menton. Expirant un dernier souffle pour me libérer et me sentir prête, soudain un technicien m’interpelle pendant ce rituel pointant son doigt vers moi pour attirer mon attention, je remarque qu’il semble inquiet :

-Ton casque ne marche pas ? Tu devrais être là-bas depuis plusieurs secondes !

-Hein ?

Zut ! J’avais complètement zappé mon casque et celui-ci était sur la position off. Normalement c’est la régie qui devrait me donner le décompte afin que j’entame l’ascension des escaliers et que je me dévoile au public, je l’allume rapidement pour que la suite du spectacle se passe bien et replace le microphone à portée de mes lèvres, les aspirant rapidement pour les humidifier et être prête à chanter durant plusieurs minutes. Me sachant déjà en retard, j’entame rapidement la montée des escaliers et à peine ai-je fait entrevoir le bout de mes bottes que la masse hurlent mon nom, j’en aperçois certains qui tendent leurs doigts vers moi, me regardant et la refermant, comme pour me tenir prisonnière dans le creux de leurs paumes tandis que les autres, plus nombreux sautent et retombent dans un bruit sourd qui fait vibrer le sol.

-Bonjour Mérouville ! Est-ce que vous êtes chaud ce SOOOOIR ?

Je suis dans la région d'Hoenn, c'est ici que je ne suis née. Et le « OUUUUI » exclamatif à l'unisson de tout mes fans me fait frissonner tant il est fort, le trac s'est envolé et je suis pleinement heureuse de me retrouver ici, chez moi. Au premier rang, ce sont les V.I.P qui me regardent dont mes amis que j'ai fait venir en première classe, et ensuite les journalistes de plusieurs journaux people qui pourront prendre à loisir bon nombre de photos pour ensuite les étaler sur leurs magazines .. Pourvu qu'il ne profite par de la hauteur de la scène pour prendre une nouvelle fois des photos de ma culotte, je déteste quand ils font ça.

-C'est super ! Vous savez, c'est ici que je suis née. Et il me paraissait donc normale que vous soyez donc les premiers à profiter de mon nouveau tube "World is mine", mais je ne suis pas sûre que vous vouliez vraiment m'entendre, criez plus fort peut-être ?

Je suis filmée par plusieurs caméras, dont deux qui me diffusent sur des écrans géants à droite et à gauche du rideau noire, même ceux au fond peuvent voir mon clin d'oeil qui fit fondre un tiers des hommes dans le public. J'émet un petit rire mignon en attrapant au passage un "Je t'aime Hatsune Miku !" alors que je longe le bord des planches, les mains dans le dos tout en jouant l'indifférence, mes longues couettes bleues me suivent et s'arrêtent contre le derrière de ma jupe quand je me retourne. Le deuxième « OUUUUI » retentit, tellement fort que je ne perçois que finement les instructions dans mon casque. Et puis je n'écoute pas toujours ce qu'ils me disent, je me place parfois de mon plein gré car ne j'ai pas envie d'être un robot.

-C'est mieux, dans ce cas ! Dis-je en applaudissant, me replaçant au milieu des planches, avec les hauts-parleurs derrière moi et l'écran l.e.d qui affichera mon clip. Que le spectacle COMMENCE !!!

La chorégraphie, je l'illustre déjà dans ma tête. Je lève brusquement le bras vers le haut comme si je voulais attraper une étoile filante en train de passer, avant de retomber lourdement, les bras vacillants comme une pendule et la tête lourde, baissé. C'est voulu, on dirait une machine désactivé mais ce n'est qu'un effet, le décompte des ingénieurs du son se fait dans mon casque, lorsque j'entendrais le « Go », je devrais être parfaite, et soudain, la musique commence ...

Spoiler:

C'est calme, ou plutôt, ça l'était. Maintenant, j'aperçois une scène ainsi qu'une petite dizaine de personnes, sûrement un futur concert ou quelque chose du genre.
Je visite Hoenn et je viens d'arriver dans une ville assez grande, Mérouville. Beaucoup de grands bâtiments sont présents. Une douce brise marine me fouette le visage, c'est agréable. De plus en plus de personnes viennent ou sortent de chez eux en se dirigeant vers l'estrade.
Cela devient de plus en plus bruyant, ma tête commence à tourner, je m'assois sur un banc. Je suis fatigué, après tout, un petit somme ne me fera pas de mal. Mes paupières s'alourdissent ... je m'endors ...

Environ une dizaine ou une vingtaine de minutes après, je me réveille sous les cris, le sol tremble sous les coups. Le bruit est devenu vraiment insupportable. Sous mes yeux ébahis, la petite bande de dix personnes s'est complètement transformée en une foule d'une centaine de personnes, plus même !
Même si je ne me suis reposé qu'un petit moment, je suis totalement rétabli. Malgré tout, je suis encore un peu fatigué.

Je me lève, et j'entend une voix provenant de la foule.

-Bonjour Mérouville ! Est-ce que vous êtes chaud ce SOOOOIR ?

Curieux, je me dirige vers celle-ci, dans le but de jeter un coup d'oeil. A peine arrivé, le public m'entraîne de plus en plus près de la scène. Je repousse plusieurs personnes pour essayer de sortir de cet essaim de personnes. Mais rien à faire, à chaque personne que je pousse, plusieurs autres fans me bousculent encore. Puis un grand "OUI" se poursuit pour que la foule dégénère encore plus.

-C'est super ! Vous savez, c'est ici que je suis née. Et il me paraissait donc normale que vous soyez donc les premiers à profiter de mon nouveau tube "World is mine", mais je ne suis pas sûre que vous vouliez vraiment m'entendre, criez plus fort peut-être ?

Encore un deuxième "OUI", mais plus fort, décidément, je n'arriverai jamais à partir. Cette fois-ci, les fans étaient devenus fous, on aurait dit une vague de zombies affamés. Je fus "projeté" vers l'estrade, je tombai et me cognai par derrière, m'assommant. C'était la pire chose qui aurait pu m'arriver ...

Cette sensation inégalable. Lorsque les enceintes autour de moi se mettent à battre le vent, envoyant des ondes pour mes fans qui se régaleront en entendant le son de ma voix et s’exclameront devant mes pas de danses, devant mon corps qui se déchaîne et expulse toute son énergie au travers de cette chorégraphie.

Dans mon casque, les ingénieurs du son donne le décompte. Moi, je suis pour le moment parfaitement immobile, la tête baissée et les bras mornes « 3 » Je retiens mon souffle, je ne respire plus et rien autour de moi ne peut me sortir de cette stase « 2 » J’ouvre mes yeux, ils sont mi-clos et je dandine de gauche à droite lentement en attendant la musique « 1 » Je contemple devant moi l’horizon sans accorder ne serait-ce qu’un regard mes fans et enfin .. « GOOOOOOOOOO ».

La musique est en marche, et j’ouvre la bouche. Propulsant ma voix dans le microphone qui s’amplifie au travers des enceintes.

Sekai de ichi-ban ohime-sama
Sou-yu atsukai kokoro-ete yo ne

La foule est en plein délire, je pose ma main sur mes hanches et donne des petits coups de reins dans le vide, faisant virevolter ma jupe dans les mouvements. Puis de mon index, tout en me baissait je fais un clin d’œil malicieux aux caméra, agitant mon doigt comme pour dire « Je suis mignonne mais je ne t’appartiens pas, pas tant que mes désirs ne seront pas exaucés. » C'est mon rôle, je dois paraître sensuelle mais intouchable dans ce refrain, je suis une princesse et l'on doit m'accorder mes caprices les plus fous sans hésiter.

Sono-ichi, itsumo to chigau kamigata ni kigatsuku koto
Sono-ni, chanto kutsu made miru-koto, ii ne ?
Sono-san, watashi no hito-koto ni wa mittsu no kotoba de henji suru koto

Je fait plusieurs tours de la scène, croisant mes bras et les dépliant, pour les redescendre dans un arc de cercle parfaitement souple. J'agite mes jambes et marche d'une habile manière, comme si j'écrasais un puceron avec mes talons, mon homme devra faire ce que j'attends de lui, soudain alors que ma chorégraphie débutait parfaitement et que le public était sur la même longueur d'onde que moi. On réduit le niveau du son dans mon casque, mais je ne laisse rien paraître car je dois tout simplement jouer mon rôle et peu importe les circonstances. La régie me contacte « Miku, Kaito sera en retard de quelques minutes, je t'expliquerais plus tard. Pour l'instant je te fait confiance pour ce qui est de l'improvisation. »

C'est embêtant, un imprévu ! Kaito est tout comme moi un membre du groupe Vocaloid². Son rôle dans ce concert était un duo avec moi, pour jouer mon petit ami rebelle et imbécile, celui qui ne comprendrait rien à mes caprices ... La musique était longue et je risquais de me répéter trop dans les mouvements de danse, il fallait que je trouve une solution.

Wakattara migite ga orusu nano wo nantoka-shitte !

Mon regard s'arrêta sur un jeune homme brun au premier rang qui se faisait bousculer. Tout en agitant dans le rythme mes jambes, je descendit les escaliers pour venir à lui, sans m'arrêter de chanter, d'un oeil complice j'appelelais également un des techniciens qui vint alors à sa rencontre pour lui fournir un casque audio.

Betsu ni wagamama nante itte nain-dakara

Mes fans ne se douteraient pas une seule seconde que c'était un évènement imprévu. En voyant Renton se faire mettre le nécessaire pour participer au spectacle, d'autres garçons se mirent à hurler puis parfois à pleurer, sans compter celui qui tomba dans les pommes en me frôlant m'effleurant le bras. Je remarquais qu'il était plutôt mignon, un peu triste également ce qui était parfait, c'était un petit ami princier très convaincant. Le rassurant d'un sourire et d'un clin d'oeil confiant, je l'invitais à me suivre sur la scène tout en poursuivant mes vocalises.

Kimi ni kokoro kara omotte hoshii no kawaii'tte

Nous remontions tout les deux sur scènes. Qu'est-ce qu'il allait faire ? Pourvu qu'il connaisse la musique et son histoire, ce n'est pas très grave si il ne savait pas la chorégraphie, il devait juste se contenter de m'ignorer, de croiser les bras tout en se rapprochant. Attiré par ma beauté mais frustré par mes caprices, la régie lui indiqua un bref message dans son casque et je l'entendais également « Mon garçon ? Nous te remercierons après cette chanson pour ta participation, pour l'instant suis bien mes instructions. Hatsune Miku est ta petite amie, tu l'aimes et pourtant tu dois la repousser parce qu'elle est invivable. C'est entendu ? Elle t'aidera, je compte sur toi.» Pendant ce temps, je tournais autour de lui en lui tenant toujours la main pour ne pas qu'il s'effraie, sautillant joyeusement et le regardant de temps en temps les sourcils froncés, comme si il ne m'accordait pas les cadeaux que je lui demandais.

Sekai de ichi-ban ohime-sama
Kiga-tsuite nee nee
Mataseru nante rongai yo
Watashi o dare-dato omotteru no ?

Derrière nous, l'écran lumineux affichait mon clip. Des images de belles robes et d'un couple qui se tournait autour, de moi en train de m'esclaffer pour que mon beau prince me remarque. Sur les planches, je joignais mes deux mains contre ma joue gauche en salivant sur de nombreuses friandises tout aussi sucrées que délicieuses. Les voix de mes fans se mêlèrent à la mienne pendant les refrains, en bas les vigils retenaient les barrières qui menaçaient de s'effondrer face à l'armée qui sautillait en agitant des lumières avec l'aide de leurs téléphones, pokémontre, vokit et autres appareils susceptibles d'éclairer.

Et le reste de la musique défilait .. Je continuais de chanter, d'agiter mes longues couettes bleues tout en tournant autour de Renton. Le pauvre devait bien se demander comme il s'était retrouvé dans une pareille situation, qui sait si il n'allait pas être célèbre bientôt ? Je jouais de mes épaules nues en relevant l'une après l'autre, pour charmer mon beau prince en lui chantant de venir me chercher sur son cheval blanc, et m'acheter un cake surplombé d'une fraise et un moelleux au chocolat avec de la chantilly, avant de le menacer d'aller voir ailleurs si il continuait à se refuser à m'aimer tellement je suis mignonne.

Amusée de cette situation inattendue, je ne m'étais même pas aperçue que la fin du morceau arrivait déjà « Miku ? Qu'est-ce que tu comptes faire, tu devais embrasser Kaito à la fin du morceau. »

Renton pouvait également entendre la voix du régisseur dans son casque. On était en direct, et pourtant je fut soudain prise de panique, je ne voulais pas embrasser quelqu'un que je ne connaissais pas, même pour le show ! Et pourtant, après ce refrain j'allais devoir m'y résoudre, j'aurais tellement voulu dire à ce jeune brun de tourner la tête pour faire semblant mais le microphone était actif et je n'avais pas le temps de l'arrêter. C'était vraiment inacceptable, je refusais de le faire en secouant la tête, les fans crurent à un mouvement de danse.

Suppliant Renton du regard, j'espérais qu'il comprenne que j'attendais de lui qu'il tourne la tête au dernier moment avec suffisamment de discrétion pour que le public ne remarque rien. Un baiser sur la joue, j'en étais capable ! Et ça n'avait surtout pas la même signification ... Avec Kaito, c'était différent, nous étions tout les deux des acteurs d'un show-bisness en pleine expansion. Mais avec ce garçon, j'avais peur que les journalistes le prennent pour ce qu'il n'était pas en dehors de cette scène et que je sois qualifiée de tout les noms le lendemain et que lui-même se fasse des idées fausses.

Sekai de ichi-ban ohime-sama
Chanto mitete yo ne dokoka ni icchau yo ?
Fui-ni dakishime-rareta kyuu ni sonna ee ?
"hikareru abunai yo" sou-itte soppo muku kimi
...kocchi nu ga abunai wa yo

La musique ralentissait, c'était la fin. Et tant mieux ! Cet imprévu m'avait complètement retournée et ma voix allait fondre comme neige au soleil si ça durait quelques secondes de plus. Prenant le visage de Renta dans mes doigts manucurés, je serrais mes ongles azur et tournait légèrement sa tête pour déposer un baiser les yeux fermés... S'il te plait mon prince de substitution, ne tourne pas la tête !

Spoiler:

Je me relève, j'ai été étourdi pendant un bref instant. Aussitôt, un technicien arriva dans ma direction, au début, je croyais qu'il allait vers quelqu'un d'autre. Il s'arrêta devant moi et me donna un casque, et il partit.
Puis une jeune fille m'emmena sur la scène, je mis aussitôt mon casque.

« Mon garçon ? Nous te remercierons après cette chanson pour ta participation, pour l'instant suis bien mes instructions. Hatsune Miku est ta petite amie, tu l'aimes et pourtant tu dois la repousser parce qu'elle est invivable. C'est entendu ? Elle t'aidera, je compte sur toi.»

De pire en pire, je suis passé du simple touriste à quelqu'un qui s'intègre dans une foule pour finir sur scène. Au moins, ça m'apprendra à être curieux ... De plus, je ne connaissais ni ce qui se passait ni ce que je devais exactement faire, en résumé, j'étais perdu et désorienté. De toute façon, il ne fallait que suivre les instructions, ça ne devait pas être si compliqué pour qu'on demande de l'aide à un spectateur.

La jeune fille continuait de tourner autour de moi, elle avait de longs cheveux bleus, un uniforme proche de celui d'une collégienne, une jupe noire et bleue et des bottes noires. Je me contentais de la suivre dans ses mouvements en reculant de temps en temps.

« Miku ? Qu'est-ce que tu comptes faire, tu devais embrasser Kaito à la fin du morceau. »

Quoi ?! Embrasser une inconnue ?! Je devais absolument trouver un moyen pour me sortir de ce mauvais pas. Je réfléchis assez longuement pour trouver une solution, et je l'ai trouvée : faire semblant de l'embrasser. Encore faut-il le faire discrètement pour que les fans ne s'en aperçoivent pas ! Mais quoique je fasse, il y aura un effet secondaire sur les journalistes.
Le moment est arrivé, la jeune inconnue me prend le visage et, au dernier moment, je décale ma tête, évitant le baiser.

Enfin, c'est enfin terminé, du moins, c'est ce que j'espère. Je m'achète une boisson depuis un distributeur, ça fait un de ces biens.
Au loin, j'aperçois une caravane décorée de différents sticks, certains représentant la jeune star, pourquoi ne pas correctement faire les présentations ? Je me dirige vers la caravane et je frappe à la porte ...

Ah !

Hey baby !

Aahhh !

Ouf. Je suis soulagée, finalement tout se passa plutôt bien et le prince de substitution n'en profita pas, il tourna humblement la tête tandis que la musique s'arrêta. Comme d'habitude le public applaudissait chaudement, tandis que les flash des appareils photo m'aveuglait. « Kaito est de retour, essaie d'occuper le public quelques minutes tandis qu'il enfile sa tenue »

Je m'arrêtais de danser et de chanter pour m'incliner en face de mon public, ne parlant pas encore tant cette ouverture m'avait épuisée mentalement.« C'est bon, tu peux l'annoncer » Mes longues couettes bleues mettent un certains temps à redescendre, flottant au dessus de moi elles retombent sur mes épaules, les recouvrant de plusieurs longues mèches, je suis couverte de sueur mais tout ceci ne m'empêche pas de continuer, on m'apporte une bouteille d'eau que j'ouvre et vide jusqu'à ce qu'il ne reste que la moitié. D'un mouvement du bras j'essaie les quelques gouttes qui coulent sur mon menton et réajuste mon microphone.

-Fu ... Bravo Mérouville, vous avez été géniaux ! Et ce n'est que le début, j'espère que vous êtes en forme car voici maintenant le vil, le fourbe juge qui accable les innocents contre de l'argent. Mesdames et messieurs, veuillez accueillir dans un tonnerre d'applaudissements Kaito dans "Le Jugement de la Corruption"

Alors que j'annonce la venue de Kaito. Le public ne cesse de me crier pour que je reste encore sur scène « HATSUNE MIKU ! HATSUNE MIKU ! ». Attendrie, je sautille vers les coulisses en envoyant des baisers, les attrapant avec mes mains puis les envoyant vers le public déchainé. Je forme également un coeur avec mes mains, ponctuant ma sortie d'un :

-Merci ! Je vous aime tous !

Je croise Kaito dans les backstage qui s'avance à son tour sur les planches pour profiter de ces instants de gloire. Qu'est-ce qu'il est craquant ... Avec son air impassible sur le visage, c'est bien le seul qui me fait fondre d'émoi alors que des centaines d'autres garçons rêveraient de m'avoir pour eux, mais lui semble tellement indifférent. Je fait principalement mes duos avec lui, cependant ça me rend triste secrètement car je sais que ce n'est pour lui qu'un simple rôle, et qu'en dehors de tout ça je ne suis que sa collègue. Pourtant je rêverais d'être bien plus que ça, je serre mes poings alors qu'il me dépasse pour entrer sur la scène sans même m'accorder un regard, un mot de remerciement pour ce que je viens de faire pour lui, c'est comme si je n'étais qu'un élément parmi tant d'autres, alors je hurle son nom, les yeux humides. J'ai bien sûr désactiver mon casque pour que le public ne m'entende pas :

-Kaito !!!

Ce dernier se retourne vers moi, me regardant de sa hauteur. De ses yeux qui me scannent comme des rayons laser, j'aimerais qu'il me prenne dans ses bras et qu'il n'aille par sur la scène, qu'il me dise que je suis tout pour lui mais au lieu de ça :

-Oui Miku, qu'est-ce que tu veux ? Je suis pressé là.
-Je ... Je ... Mes mots se perdent dans ma gorge. Idiot !
-Hein ?

Et alors je me retourne et sprint vers ma caravane, essayant de courir le plus vite possible pour que mes larmes sèchent avec le vent. Mes couettes me précédent et flotte en ondulant. Je n'ai pas le temps de voir l'air sur son visage, mais je me doute bien qu'il ne comprend rien du tout, à qui la faute ?
Enfin j'arrive à ma caravane, je saute sur mon canapé et rageusement envoie mes coussins roses contre le poster à son effigie, je suis décoiffée, j'ai encore les yeux rouges et je tremble comme une feuille.

Mon prince de substitution ! Je l'ai oublié, mais il n'était plus sur scène quand je suis partie, il doit sûrement être avec les membres de la régie qui le féliciteront de sa participation et le remercieront avec des figures à mon effigie où encore mon disque en avant-première. Je devrais aller le remercier, beaucoup d'autres à sa place n'aurait pas agi avec autant de réserve, mais les photos sont déjà dans la carte SD des appareils et peuvent être tournées d'une manière qui ne m'arrangerait pas. Et si Kaito voyait tout ça ?

Non ! Non, il sait que je ne suis pas comme ça, et puis ça ne durera qu'un temps, ensuite les gens oublieront. Je me recoiffe rapidement, je suis obligée de le faire quasiment toutes les heures sinon mes couettes se nouent entre elles, mon maquillage autour de mes yeux coulent, avec un peu de coton et de lotions j'enlève le surplus et repasse mes yeux au crayon noir. Un petit détour vers la glace pour admirer mon reflet, je tourne autour de moi-même, si ce n'est les veines dans mes yeux rougissantes on ne peux pas savoir que j'ai pleurer.

Mais j'entends quelqu'un qui frappe. Je me retourne, ce n'est sûrement pas Kaito puisqu'il est en train de se pavaner comme un dindon au lieu d'être avec moi ! Je suis sûr qu'il va encore descendre de scène pour séduire ses fans féminins au passage, ça m'énerve !! Du calme Hatsune ... Du calme, oui, je suis parfaitement calme maintenant.

J'ouvre la porte de quelques centimètres, c'est ce garçon brun de tout à l'heure ! Mais qu'est-ce qu'il fait ici, je croyais que la régie s'occupait de lui, il est fou ? Et si des paparazzis indiscrets traînent dans le coin et qu'ils le prennent devant la caravane, ce sera fichue, je pourrais nier autant que je le voudrais personne ne me croira.

Un peu béate, je me contente de le regarder surprise avec de grand yeux ronds. Et puis j'avance un peu plus ma tête, aucun photographe à l'horizon. Je l'attrape par le bras et le tire à l'intérieur de la caravane, je suis inquiète et ça se voit.

-Vite ! Ferme les rideaux !

D'un geste brusque, je colle les deux tissus bordeaux pour qu'on ne puisse voir l'intérieur de ma maison roulante. J'attends que Renton en fasse de même avec ceux de la fenêtre tout au fond à droite, aussitôt l'intérieur plonge dans l'obscurité, on peut encore se voir mais je tire la chaîne au plafond, ce qui allume plusieurs lumières.

Est-ce que je dois le remercier ou lui hurler dessus ? Je me sens redevable de son aide pour "World is mine" mais du même temps je trouve ça irresponsable de me faire prendre autant de risque pour ... pour quoi en fait ? Je ne sais même pas la raison de sa présence ici.

-Merci d'être resté tout à l'heure .. Tu sais .. Et aussi d'avoir tourné la tête pour .. tu sais ! Mes joues rosissent, j'ai un peu honte de le dire, je reprend de l'assurance et le regarde maintenant d'une autre manière, plus sévère. Je te préviens, ça ne veut rien dire ! J'espère que tu n'es pas ici pour attendre autre chose de moi !

Je crois les bras, attendant sa réponse. Ma bottine claque le sol plusieurs fois, créant un plaquage sonore monotone et un tantinet agaçant, je le fait inconsciemment car j'ai peur qu'on nous surprenne. Et même si nous ne faisons que discuter je connais assez bien la perversité des journalistes qui dépasse l'entendement, et quand ils s'y mettent impossible de les arrêter. J'observe le carnet et le stylo sur ma table ronde, au milieu de mon canapé en U, peut-être qu'un autographe lui suffira .. Je secoue la tête, non, ce ne sont pas des manières de virer les gens comme ça, après tout je lui dois bien quelque chose, sans lui le concert aurait vraiment très mal commencé.

En ouvrant la porte, la jeune star avait l'air surprise, elle sortit sa tête pour scruter les alentours, inquiète, puis me tira brusquement vers l'intérieur. Je trébuchai sur les marches et tombai.

Je ne m'étais pas trompé de porte, c'était bien la caravane de la chanteuse.
Je levais la tête en me relevant. De l'extérieur, on pouvait apercevoir de nombreux sticks, certains représentaient la propriétaire de la caravane et d'autres montraient des sucreries.
A l'intérieur, une table ronde était entourée par un canapé en U sur la gauche, sur la table, il y avait pas mal de magazines et autres. Au dessus, un lit était recouvert de draps roses, d'un coussin en forme de coeur, un pyjama bleu et différents nounours. A droite, plusieurs photos étaient affichées sur une grande armoire à trois tiroirs. Vers le milieu, une porte séparait une autre salle qui était sûrement la salle de bain.

- Vite ! Ferme les rideaux !

- Que ... Quoi ? balbutiai-je.

Je la vis se hâter pour fermer les rideaux, on ne pouvait plus voir de l'extérieur. Je compris qu'il fallait que je fasse la même chose, je me pressai alors pour aller vers les fenêtres restantes et fermer les rideaux.
Une fois ceci fait, elle tira sur une chaînes pour allumer quelques lumières.

- Merci d'être resté tout à l'heure .. Tu sais .. Et aussi d'avoir tourné la tête pour .. tu sais ! Puis elle prit un ton plus grave. Je te préviens, ça ne veut rien dire ! J'espère que tu n'es pas ici pour attendre autre chose de moi !

J'étais surpris de sa réaction, après tout, c'est normal, on ne se connaissait même pas. J'étais seulement venu pour faire les présentations, rien de plus.

- Euh ... Non, je pensais juste que ce serait plus correct de se présenter ... Mais si tu veux, je peux partir ! fis-je en montrant la porte.

Je repris mon calme. La jeune demoiselle croisait les bras, ses pieds claquaient le sol. La caravane était très bien allumée et était plutôt grande.

- Donc, je m'appelle Renton.

Je m'apprêtais à partir après sa réponse. Mais en réalité, je n'avais pas grand chose à faire à part visiter les régions un peu n'importe comment. Et puis, pourquoi ne pas profiter du concert pour se détendre ?